L’Oréal, numéro 1 mondial des cosmétiques, a entamé il y a déjà plusieurs mois un véritable lifting digital. Au centre de cette transformation numérique, plusieurs initiatives liées à l’open innovation, dont la création du Connected Beauty Incubator (CBI), un lieu où experts du groupe et jeunes pousses issues de la Silicon Valley imaginent des outils digitaux liés à la beauté connectée.
En avril 2014, L’Oréal accueillait Lubomira Rochet, Chief Digital Officer et membre du Comex, venue accélérer la digitalisation du groupe. Rapidement, la CDO a mis en place des programmes de formation et d’e-learning mais aussi d’immersion : certains cadres du groupe sont régulièrement invités à passer quelques jours chez des digital natives ou dans des start-ups pour y découvrir de nouveaux modes d’organisation.
Mais la collaboration avec des start-ups n’est pas une nouveauté pour L’Oréal. Quelques semaines avant l’arrivée de Lubomira Rochet, le géant de la beauté lançait son Connected Beauty Incubator, un incubateur situé au cœur de la Silicon Valley où scientifiques, chercheurs et développeurs, issus du groupe ou de start-ups partenaires, travaillent sur des projets relatifs à la beauté connectée. Ici, pas question de chercher la molécule qui rendra nos cils plus longs ou nos cheveux plus soyeux, mais plutôt de réfléchir aux outils digitaux qui permettront d’améliorer l’expérience client.
Data scientists, biologiques, spécialistes de l’UX…
« Nous avons bien vu que de plus en plus d’objets étaient connectés, tout comme nos clients, évidemment. Et pour inventer de nouveaux produits L’Oréal répondant à ces tendances, notre idée était de créer un incubateur technologique, mais qui ne soit pas seulement focalisé sur la technologie, justement. »
Interrogé par l’Usine Digitale, Guive Balooch, docteur en biologie moléculaire et vice-président du CB, explique avoir monté une équipe agile et pluridisciplinaire d’une quinzaine de profils techniques et scientifiques qui travaillent à la fois avec la R&I L’Oréal, c’est-à-dire des milliers de chercheurs, chimistes ou informaticiens extrêmement pointus dans leurs domaines, et avec des jeunes pousses du numérique pour une organisation très lean start-up. En effet, si c’est Guive Balooch qui décide des lignes stratégiques de la petite dizaine de projets en cours au Connected Beauty Incubator, il cherche avant tout à impulser un souffle entrepreneurial à ses collaborateurs en leur laissant un maximum d’autonomie…
« Beaucoup de jeunes pousses travaillent avec nous, non pas parce que nous sommes L’Oréal, mais parce qu’on fait ce projet, et que nous avons cet incubateur. Nous les traitons comme des partenaires, pas comme des fournisseurs. On essaie de co-développer avec eux. »
Smartphone, mon beau smartphone…
Première application née au sein de cet incubateur, Makeup Genius, un « miroir » grâce auquel l’utilisateur peut appliquer virtuellement les produits de la marque sur son visage. Ce simulateur de maquillage utilise des technologies de réalité augmentée et fonctionne avec des algorithmes qui permettent de reproduire très fidèlement textures, brillances et couleurs.
Pour développer cette application, L’Oréal a collaboré avec Image Metrics, une start-up californienne spécialisée dans l’animation pour le cinéma. Pour Guive Balooch, cette méthodologie est emblématique des méthodes de fonctionnement de l’incubateur :
« Nous nous sommes demandés de quelles expertises scientifiques nous avions besoin. Ensuite, nous sommes allés chercher ceux qui la maîtrisaient »
Et le résultat est une véritable réussite. Après son lancement au festival de Cannes l’an dernier, Makeup Genius s’est directement fait une place parmi les hits français de l’AppStore !
D’autres exemples d’open innovation :
– Avec son « 4G Kit for IoT », Orange encourage les makers à concevoir des objets connectés
– #Start-up : EDF électrise l’innovation énergétique
– Dassault Systèmes aide les jeunes pousses du digital à prendre leur envol
Crédit photo : Phil Campbell – an evening playing ‘smartphone’ pub quiz with the exeter twitterati! / Flickr.com / Licence CC BY 2.0